Je planifie soigneusement mes escapades en Grèce, toujours à l’affût de ces petits trésors méconnus qui font le charme d’un voyage authentique. Lors de mon dernier séjour à Athènes, je me suis posé cette question qui taraude nombre de voyageurs : faut-il vraiment consacrer une journée à Salamine ? Cette île, la plus grande du golfe Saronique avec ses 93 km² et proche du Péloponnèse, reste étonnamment pas très fréquentée dans les guides touristiques. Après l’avoir étudiée, je vous livre mes impressions pour vous aider à décider si elle mérite que vous y alliez !
L’île de Salamine, un havre de tranquillité à deux pas d’Athènes
Ce qui m’a d’abord frappée en débarquant à Salamine, c’est cette proximité incroyable avec la capitale grecque. À seulement 17 km d’Athènes, elle constitue une échappée idéale pour qui souhaite s’éloigner de l’agitation urbaine sans perdre de temps dans les transports. J’ai apprécié cette accessibilité exceptionnelle : 15 minutes de traversée depuis le Pirée, avec des départs toutes les 20 minutes. Une flexibilité rare qui permet d’organiser votre journée sans contrainte.
Contrairement à d’autres îles du golfe Saronique comme Hydra ou l’île d’Égine, Salamine reste préservée du tourisme de masse. Cette particularité en fait justement son charme. Vous y croiserez principalement des Athéniens venus se ressourcer le temps d’un week-end, créant une ambiance authentiquement grecque que j’ai trouvée rafraîchissante. En été, la population peut grimper jusqu’à 250 000 habitants, mais il s’agit essentiellement de résidents grecs qui ont une maison secondaire.
Pour rejoindre l’île, vous avez plusieurs options. J’ai personnellement opté pour le ferry depuis Perama, un trajet de 15-20 minutes qui m’a coûté environ 8€ pour ma voiture et deux passagers. Mais vous pouvez également embarquer depuis Megara pour une traversée éclair de 5 minutes (6€). Si vous voyagez sans véhicule, les ferries du Pirée restent l’option la plus pratique. Une fois sur place, je vous conseille vivement de louer un 2 roues pour visiter l’île dans son intégralité.
Ce qui distingue vraiment Salamine des autres destinations grecques, c’est ce sentiment d’avoir découvert un lieu encore préservé, où la vie locale prime sur l’industrie touristique. J’ai aimé me promener dans les deux grandes pinèdes de l’île, offrant fraîcheur et tranquillité, parfaites pour échapper à la chaleur estivale. Le rythme de vie y est paisible, invitant à la contemplation et à la déconnexion.
Une histoire fascinante qui a façonné le destin de l’Europe
Si Salamine ne figure pas parmi les destinations phares des touristes étrangers, son importance historique est pourtant capitale. C’est ici que s’est déroulée la célèbre bataille navale de 480 av. J.-C., un affrontement décisif qui a changé le cours de l’histoire occidentale. Sous la direction du stratège athénien Thémistocle, la flotte grecque a triomphé des forces perses de Xerxès dans ce détroit. Selon les écrits d’Hérodote, 380 trières grecques ont affronté pas moins de 1 200 navires perses, un déséquilibre impressionnant qui rend cette victoire encore plus remarquable.
J’ai arpenté avec émotion le port antique d’Ampelakia, là même où la flotte grecque s’est préparée avant cette bataille légendaire. Les fouilles archéologiques y ont mis au jour les vestiges des murs de la ville antique et des installations portuaires. En contemplant ces pierres millénaires, j’ai ressenti cette connexion palpable avec un événement qui a façonné l’identité européenne.
L’île tire d’ailleurs son nom de la nymphe Salamis, fille du dieu-fleuve Asopos et épouse de Poséidon, témoignant de son ancrage profond dans la mythologie grecque. Cette dimension légendaire ajoute une couche supplémentaire de mystère et d’intérêt à chaque site visité. Le petit théâtre antique de Selinia et le théâtre Euripide avec ses 3 000 places évoquent également le riche passé culturel de l’île.
Pour les amateurs d’histoire comme moi, le musée archéologique installé dans une ancienne école primaire est un arrêt incontournable. J’y ai découvert une collection d’objets remarquablement bien présentés qui retracent l’histoire de l’île depuis l’Antiquité. Les commentaires des autres visiteurs sur la qualité de ce musée sont unanimes, et j’ai partagé leur enthousiasme.

Les trésors cachés de Salamine qui valent le détour
Au-delà de son histoire, Salamine réserve quelques pépites à découvrir. Le monastère de Panagia Faneromeni, datant du 17ème siècle, m’a particulièrement marquée. Perché sur les hauteurs, ce lieu de pèlerinage important abrite de magnifiques fresques intérieures et un petit musée intriguant. Si vous visitez l’île fin août, ne manquez pas les festivités qui s’y déroulent pendant trois jours autour du 23 août, une immersion totale dans les traditions locales.
À proximité du monastère se trouve la maison du célèbre poète grec Angelos Sikelianos, un lieu chargé d’histoire littéraire que j’ai pris plaisir à découvrir. Dans le centre-ville de Salamine, j’ai flâné entre le bord de mer animé, le pittoresque marché aux poissons et les églises orthodoxes d’Agíos Minás et Agíos Dimitríos. Le musée folklorique de l’hôtel de ville complète agréablement la visite culturelle.
Les plages constituent un autre atout majeur de l’île. Parmi la vingtaine que compte Salamine, les plus belles se trouvent au sud. J’ai particulièrement apprécié celle de Saterli pour ses eaux cristallines, Kolonès pour ses tamaris offrant une ombre bienvenue, et Peristeria pour son cadre pittoresque. La plage de Kyriza, avec ses formations rocheuses émergeant de l’eau, offre un paysage unique et photogénique.
Pour l’hébergement, les prix restent raisonnables comparés à d’autres destinations grecques plus touristiques. Le Votsalakia hotel & suites offre notamment un excellent rapport qualité-prix. Côté restauration, j’ai privilégié les petits restaurants locaux pour goûter à une cuisine grecque authentique, loin des restaurants formatés pour touristes.
Si certains visiteurs regrettent la vue sur le port industriel du Pirée depuis certains points de l’île ou la présence de déchets le long des routes, j’ai pour ma part trouvé que ces quelques inconvénients étaient largement compensés par l’authenticité de l’expérience et la beauté naturelle des lieux.